La compagnie
Dans les traditions des peuples amérindiens, la plume est, pour celui qui en est le porteur – et non le possesseur – symbole de confiance, d’honneur et de pouvoir. Elle est un lien entre l’âme et le Grand Esprit, créateur du monde. La plume la plus recherchée était celle de l’aigle, considéré comme un chemin entre la terre et le ciel pour sa capacité à voler au sommet de l’azur.
Et au théâtre ?
Acteurs, auteurs, costumiers, metteurs en scène, régisseurs, tous, nous ne sommes que porteurs de la plume. Le spectacle, création infiniment collective, ne fait que passer par nous pour être transmis au public. Nous aussi, nous avons besoin de nos plumes d’indien, cadeaux du ciel, pour entrer chaque jour sur le plateau avec l’esprit libre, prêts à créer par le théâtre un lien entre le ciel et la terre.
Fondée en 2016, la Plume de l’Indien est notre façon d’inventer ou de réinventer le monde qui nous entoure. À travers deux textes de Philippe Avron, d’abord, avec C’est quoi comme rôle ? en 2016 puis Je suis un saumon en 2017. Puis avec le projet ambitieux et multiple du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. Et désormais avec l'adaptation de Bartleby le Scribe de Melville.
Chacun apporte sa plume, contribue à l’œuvre finale. Nos plumes, solitaires, ne comptent pas. C’est ensemble, que nous créons un spectacle, chacun apportant idées et talents, costumes, danse, marionnettes, musiques…
L’aigle royal est une espèce farouchement protégée sur le sol américain. Depuis les années 90, une exception aux règles de protection, autorise cependant les Natives, descendants des anciennes tribus amérindiennes, à porter et à transmettre les plumes traditionnelles, ainsi qu’à les utiliser dans les cérémonies.
Cette dérogation est un symbole de la résistance de ces peuples et de cette culture qui ont failli disparaître. À notre tour de mettre la plume à nos cheveux et de porter, haut et fort, le théâtre auquel nous croyons, généreux et exigeant.