Je suis
une saumon
d'après Philippe Avron
Adaptation et mise en scène
Pierre Imbert
Collaboration artistique et création lumière
Mathilde Flament-Mouflard
Création sonore
Barthélemy Belleudy
"Je suis un saumon"
Saumon-Saumon, le saumon de l'Allier, le vieux saumon, raconte aux alevins que nous sommes son voyage migratoire à travers les fleuves et les océans du monde : de Poutès-Monsitrol au Groënland, l'aller-retour pour l'amour. Il raconte l'eau douce de l'enfance et l'eau salée de la vie, les dangers, les bonheurs, les rencontres... Au bout il y aura l'Amour, le Grand Amour, qui clôt le voyage et la vie des saumons.
Saumon-saumon nous embarque. Il nous emporte, il nous entraîne dans les courants, dans les remous et dans les tourbillons. Le voyage n'est pas seulement exotique, il est aussi sensuel, poétique et philosophique. Il nous fait rire, nous fait rêver, nous fait penser.
Sommes-nous prêts, nous aussi, à faire le grand voyage ?
Note d'intention
On rencontre Philippe Avron un peu par hasard. On ne le connaît pas, ou on ne le connaît plus. C'est un évènement. Le quotidien rencontre le destin. Mais c'est un évènement qui a la force de l'évidence. On est touché par sa simplicité, son humanité, sa joie de vivre - d'étranges mots dans notre étrange époque.
Alors on lit, on découvre, on explore, comme il le fit pour le théâtre. Ses textes et ses personnages nous parlent. Rire Fragile et la vie au cœur du quartier. Le Professeur de Philosophie face à sa classe. Et Nietzsche, Montaigne, Shakespeare. Et Hamlet, Dom Juan, Sganarelle. Et les Saumons.
Comme une évidence encore, comme un évènement. Nous sommes tous des Saumons. Comme eux, nous faisons le grand voyage, de l'eau douce de l'enfance à l'eau salée de la vie, nous traversons les joies et les épreuves comme eux franchissent les fleuves et les océans.
Et puis il y a l'Amour. Sans lui, rien n'est possible. Il anime le Grand Voyage des saumons comme il fait battre le cœur de l'homme. Aller-retour, pour l'amour. Et puis il y aura les voix. C'est la Danse Nuptiale, la "Les voix de ce quelque Parade Amoureuse, le Grand chose en nousmême, plus Rituel. On ne fait rien sans nous-même que nous, qui amour, et surtout pas de nous parle quand nous théâtre. Philippe Avron nous n'avons plus rien à nous le dit à chaque ligne, à dire." Ce sont des voix qui chaque mot. parlent, qui se taisent, qui répondent, qui conseillent.
Il jouait seul. Sans filet (le comble pour un saumon !) c'est-à-dire, pour l'acteur, sans décor, sans costumes derrière lesquels s'abriter en cas de remous, de tempête. A peine quelques accessoires : une chaise, une écharpe, un masque. Il était tous les personnages, alevin, saumon, esturgeon, philosophe... Et toujours avec la même gourmandise, avec le même amour.
C'est vers cette simplicité, vers cette sincérité qu'il faut tendre. L'acteur et le public, le plus proche possible les uns des autres. Ensemble : "Saumon perdu, saumon foutu. Solitaire, ventre en l'air" Le public et l'acteur ont besoin l'un de l'autre, n'existent pas l'un sans l'autre.
Comme chez Avron, le plateau sera nu. Il sera les accessoires, le costume, le décor : un nid, une barque, une vague.
Et puis il y aura les voix. "Les voix de ce quelque chose en nous-même, plus nous-même que nous, qui nous parle quand nous n'avons plus rien à nous dire." Ce sont des voix qui parlent, qui se taisent, qui répondent, qui conseillent. Ce sont des voix fortes et silencieuses, tendres et bienveillantes. Elles nous guideront dans notre voyage. Elles nous aideront à savoir où nous sommes, mais pas toujours où nous allons.
Alors ensemble, avec cette simplicité, nous serons à l'écoute. Nous serons prêts pour le grand départ. Nous retrouverons ce rêve d'une histoire à raconter, d'un voyage à faire. Avec les saumons nous pourrons dire : "romps tes liens, brise tes amarres, balance tes contrepoids."
PIERRE IMBERT, DÉCEMBRE 2021
L'équipe
Pierre Imbert
Fils de professeur de lettres, bercé par les Frères Grimm et Charles Perrault, c'est tout naturellement que Pierre rejoint très jeune les après-midis de théâtre. À l'université, il intègre la compagnie étudiante des Souffleurs de Vers, où il suit les cours de Robert Bensimon et Corine Thézier et interprète une dizaine de rôles dans les créations de la troupe. En 2013, il rencontre la compagnie Les Mille Chandelles et rejoint le travail commencé autour de l'œuvre de William Shakespeare. En parallèle, Pierre dirige deux troupes de théâtre universitaires, Les Micycles (troupe de l’EFB) et Les Souffleurs de Vers (de l’ICP) travaillant à la fois sur l'écriture et la mise en scène. ll crée sa compagnie, La Plume de l'Indien en 2019 et met en scène des spectacles de troupe, comme Le Songe d'une Nuit d'Été de Shakespeare, Je suis un Saumon et cette adaptation pour deux acteurs du Bartleby le Scribe d'Herman Melville.